lundi 24 décembre 2007

Revisiter le coaching aujourd'hui

Sophie Soria,
coach certifié, conseil en communication
Fondatrice du cabinet Le Coaching Ethique depuis 2002
Bonjour à tous ceux qui me connaissent déjà et à ceux qui ne me connaissent pas encore. J'ouvre ce blog aujourd'hui, en cette veille de Noël 2007.
Après 8 ans d'expérience dans le coaching des particuliers et des cadres d'entreprise, j'ai pris un temps de réflexion depuis l'été 2007. Je réoriente aujourd'hui mes activités vers davantage de contribution aux valeurs éthiques en me spécialisant dans l'aide aux victimes et la prévention des violences.
Le Coaching Ethique évolue
Je suis devenue le conseiller permanent de l'association L'Atelier Européen (Droit Culture et Société en Europe) pour qui j'organise en janvier 2008 un colloque au Sénat sur le harcèlement moral dans l'entreprise et le milieu familial. J'aide aussi cette association à se développer au plan international.
En travaillant pour ce colloque sur le harcèlement moral, je me suis rendue compte que le coaching peut aujourd'hui répondre à un un certain nombre des problématiques liées à la gestion de la violence dans notre société et cela de façon complémentaire aux autres disciplines connues habituellement. En effet, le coach peut travailler en complément de l'aide qu'apportent des juristes, avocats, psychologues, etc.
Pourquoi ? Parce que le coaching aide à définir un objectif et à mettre en place les moyens de l'atteindre. Le coaching centre la personne sur la solution, il ne la centre pas sur le problème.
Qui est concerné ?
- Particuliers : si vous subissez du stress, de la violence ou du harcèlement moral dans l'entreprise, le couple ou la famille, un coaching vous aidera à trouver les bonnes solutions en prenant les bonnes décisions.
- Entreprises : si vous êtes DRH, responsable syndical ou membre de CHSCT et que vous devez gérer des salariés en situation de souffrance au travail ou si vous voulez mettre en place une politique de prévention du harcèlement moral, de la violence au travail et des risques professionnels liés au stress, un coaching responsable vous aidera à installer des méthodes qui fonctionnent et qui ne font pas semblant.
- Si vous êtes une association ou une ONG oeuvrant pour aider les victimes et que vous cherchez à mieux faire connaître et/ou à développer votre action, un coaching de votre organisation, en termes d'objectifs et de communication, vous permettra de vous développer et de vous faire connaître du grand public.
Pourquoi ai-je fait ce choix ?
J'ai beaucoup réfléchi à ce que le coaching peut apporter aujourd'hui dans le monde. Etre un vrai coach, aujourd'hui, c'est avoir un regard différent sur les hommes et les situations parce que soi-même, on a renoncé à l'ego. On n'a plus rien à prouver, on peut rester dans l'ombre. Et on n'a pas besoin de ses clients pour dire que ça nous fait exister. Etre le coach des dirigeants et des PDG n'est pas une fin en soi. Evidemment, c'est bien payé. Mais quid de l'éthique personnelle du coach quand il doit louvoyer entre les différents pouvoirs en place qui veulent tout savoir sur le coaching de Mr Untel sous prétexte que c'est l'entreprise qui paye et pire encore, quand le coach se voit demander des recettes de manipulation par ses clients haut placés ?
Nous sommes dans une société où la manipulation est devenue une preuve de débouillardise. C'est ce genre de valeurs perverses qui fait le jeu du harcèlement moral. Tout système qui dresse les gens les uns contre les autres est un système pervers et complice du mal, me disait l'autre jour en substance un sociologue qui travaille sur l'anthropologie du harcèlement moral. S'il n'y a pas d'autorité supérieure qui dit la loi dans une entreprise, c'est-à-dire quelqu'un à qui les salariés peuvent se référer, alors c'est le règne du chacun pour soi où tout est permis. Et là, il y a de la casse. Si l'entreprise n'a pas de leader éthique, pas étonnant que l'on constate les suicides de ses salariés au bureau.
Or, quand on regarde l'actualité où les PDG et nombre de dirigeants piochent dans la caisse, profitent des golden parachutes, pratiquent les délits d'initiés à la Bourse - j'en passe et des meilleures, ouvrez votre télévision tous les soirs et vous aurez la suite des multiples aventures palpitantes des dirigeants d'entreprises et des cadres supérieurs français - force est de constater que ce ne sont pas eux les véritables clients potentiels du coaching. Les véritables clients du coaching sont leurs victimes. Au bureau ou bien à la maison.
Car j'ai pu constater, en organisant le susdit colloque depuis deux mois, que la majorité des victimes du harcèlement moral dans la famille sont au premier chef les épouses de ces messieurs les dirigeants d'entreprise à qui le pouvoir est monté à la tête, avec le sexe et l'argent à la clé. Quel est le pourcentage de dirigeants qui sont des pervers narcissiques jouissant de la souffrance d'autrui et considérés comme incurables par les spécialistes, ou bien qui sont tout simplement des managers amoureux de la manipulation par facilité, selon l'adage bien connu "diviser pour mieux régner", et cela malgré tout l'argent que les entreprises dépensent chaque année dans des stages de formation au management totalement inutiles en termes de résultats ? Nul ne le sait...
Mais le système tourne et il fonctionne dans l'apparence. On continue et on fait semblant. Il y a certes des dommages collatéraux, quelques suicides au passage et la France, premier pays d'Europe pour la consommation de tranquillisants, mais bon, tout le monde ou presque continue à faire comme avant sans trop se casser la tête pour remettre en cause les schémas ambiants. Donc pour que ça change, la décision doit être prise aux plus hauts niveaux. Ce n'est pas un peu de saupoudrage par le coaching de quelques uns qui y changera quelque chose, d'autant que le coaching individuel des cadres, aujourd'hui en entreprise, est devenu davantage un instrument de contrôle des cerveaux par la hiérarchie qu'un vrai moyen de développement personnel et professionnel. Pour être coaché, il faut avant tout le vouloir...
Afin que la violence au travail cesse, il faut un changement de valeurs et l'instauration de systèmes vertueux dans les entreprises. Mais ne rêvons pas : les entreprises ne vont pas le faire par amour de la moralité ou de l'éthique. Elles finiront par s'y mettre parce que la violence n'est pas rentable. Les salariés en situation de stress ou de compétition exacerbée commettent des erreurs qui peuvent coûter des milliards d'euros, l'histoire d'Airbus en est l'exemple frappant. Quelqu'un de bien informé me racontait qu'une entreprise où il y a eu des suicides cette année avait payé des consultants pour organiser une "journée du bien-être" annuelle supposée améliorer la situation. On croit rêver... Pourtant, des entreprises qui font autrement, ça existe. Certaines mettent en place de vraies structures de prévention. je suis en train d'étudier comment elles s'y prennent, en France comme dans d'autres pays d'Europe. Je vous en parlerai une autre fois. L'étude des "best practices", ça a du bon, c'est de la veille économique et informationnelle.
Donc je travaille maintenant pour et avec les victimes, ainsi qu'avec celles et ceux qui les défendent. Celui qui ne fait rien est un complice. Ou bien, il se berce d'illusions.